mercredi 11 novembre 2009

Comme une grande fleur

Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
Avec un long sourire où miroitent tes dents...
Je t'enlace ; j'ai comme un peu de l'âpre joie
Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
Tu souris... Je te tiens pâle et l'âme perdue
De se sentir au bord du bonheur suspendue,
Et toujours le désir pareil au coeur me mord,
De t'emporter ainsi, vivante, dans la mort.






Incliné sur tes yeux où palpite une flamme

Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme...
De ta robe entr'ouverte aux larges plis flottants,
Où des éclairs de peau reluisent par instants,
Un arôme charnel où le désir s'allume
Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume.
Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m'en griser,
Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser !...

Albert Samain (1858-1900)

1 commentaire:

  1. Grand merci pour ce bel hommage rendu à ta muse par la plume d'Albert Samain!
    Voilà un poète que j'affectionne particulièrement pour la délicatesse diaphane de sa plume, pour son lyrisme maîtrisé mais on sent bien toute la passion à la fois charnelle et spirituelle qui rougeoie comme la braise entre ses vers.
    Je ressens toujours la même émotion qui me transporte à la lecture de ses poèmes.
    Baisers émus à vous deux
    Elise
    E&M

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